Urgences CHR de Man - région sanitaire Ouest de Côte d'Ivoire |
La gratuité des soins, qu’elle soit totale ou
ciblée, demeure toujours une mesure de très haute portée sociale dans un
contexte où le financement des dépenses de santé reste encore exclusivement à
la charge des ménages. Cette autre mesure est très louable, ce d’autant qu’elle
cible les couches les plus vulnérables de la société. Les questions que l’on se
pose maintenant c’est que : quelles sont les conditions de la mise en
œuvre effective des prochaines étapes ? Puis quels sont les mécanismes à
mettre en place pour en assurer une meilleure exécution ?
Pour que les populations cibles bénéficient
effectivement d’un type de soins gratuit et de façon continue, il faut que ce
type de soins soit disponible et accessible. Il faut reconnaître que même gratuit,
un accouchement par césarienne a un coût, si la femme doit parcourir une très
longue distance pour en bénéficier. Les coûts directs non médicaux comme par exemple les
frais de transport du malade, les frais de nourriture et d’hébergement des
parents accompagnateurs, peuvent être minimisés si l’offre de service est
proche du demandeur. La proposition de la mise à niveau des capacités des
établissements sanitaires, en renforçant leur plateau technique, n’est guère
empreinte d’utopie. La solution pour les urgences chirurgicales, aurait été de
doter au moins tous les hôpitaux de district d’une antenne chirurgicale
fonctionnelle. La disponibilité suffisante et sans interruption, des produits
pharmaceutiques et autres intrants stratégiques pour les examens
complémentaires, constitue une condition indispensable à la réussite de cette
mesure de gratuité ciblée.
Une définition claire des critères d’identification
formelle des bénéficiaires, reste aussi un défi à relever pour les « metteurs
en œuvre » de la mesure : 1/ la détermination exacte de l’age de
l’enfant, quand on sait que les mères ne disposent pas toujours de carnets de
santé bien documentés, et que physiquement la différence entre un enfant de
cinq ans et celui d’un enfant de six ou sept ans, n’est plus très objectivement
visible. 2/ dans la plupart des établissements sanitaires – surtout en zone
rurale – le diagnostic du paludisme n’est pas toujours basé sur des preuves
biologiques, mais est fait selon une approche syndromique et le traitement
obéit à des algorithmes standardisés. 3/ s’il n’est pas bien expliqué, le
respect d’une durée de « 48 heures aux urgences » couverte par la
mesure, risque de ne pas faciliter la tache aux prestataires de soins. Il
y’aura dans son application, forcement des dépassements de délai qu'il faudra prendre en compte. 4/ les listes des
actes médicaux pris en compte devraient soigneusement être affichés dans tous
les établissements sanitaires, afin d’empêcher l’application de tarifications
non officielles, parfois imposées aux usagers à leur insu.
En se basant sur les leçons tirées de
l’expérience des 10 mois de gratuité totale des soins, un mécanisme de contrôle,
de suivi et d’évaluation de cette nouvelle mesure, devrait être mise en place. Les
comités de gestion des établissements, les districts sanitaires, les
collectivités locales, les ONG issus de la société civile et même certains partenaires
au développement du secteur socio sanitaire, devraient être parties prenantes
dans ce processus de contrôle, de suivi et d’évaluation.
Un travail intense de sensibilisation dans les média à
l’endroit des populations doit être fait, pour obtenir d’eux des comportements
citoyens, car comme l’a déclarée Madame le ministre de la santé et de la lutte
contre le sida : «La réussite de cette mesure dépend aussi bien des
usagers que du personnel soignant». A bon entendeur, salut.
Le Nouveau Réveil : « Gratuité
ciblée : Démarrage officiel ce lundi 20 février ». N°3017 du
17/02/2012.
Un patient malade est presque toujours contraint de suspendre son activité professionnelle pendant une durée variable, ce qui est préjudiciable pour l’employeur et indirectement pour la société. Parallèlement à son coût médical direct la maladie a donc un coût indirect qui est en fait la somme exprimée en unité monétaire de travail potentiel qu’aurait pu effectuer le patient s’il n’avait pas été malade.
RépondreSupprimerBien entendu, ces coûts concernent surtout les catégories de population ayant une fonction productive pour la société c'est-à-dire la population dite active.
L’évaluation du coût indirect pose d’importantes difficultés en règle à fortiori dans les sociétés ou dominent « travail journalier » et « marché non officiel ».
Malgré les difficultés de la prise en compte effective de toutes les conséquences d’une affection pathologique, l’évaluation des coûts indirects a le mérite de prendre en compte le rôle social de l’individu et les conséquences profondes des maladies dans la société.
Les coûts indirects seront appréciés à travers l’absentéisme professionnel jugé essentiellement par le nombre de jour de consultation annuelle et de repos maladie.
Le nombre de journées consacrées à telle affection varie d’une affection à une autre.
Le nombre total de journées rapporté à l’ensemble de la population pour une pathologie donnée nous permet d’avoir une estimation du coût indirect causé par la maladie dans la population générale.
De la part de Dr DIONKOUNDA Aristide, MD