mercredi 15 septembre 2010

PERDIEMS ET SYSTEME DE SANTE


Cet article pose le problème des perdiems devenus la principale maladie -perdiemite- dans les projets, les formations, les séminaires, ateliers de compte rendu de recherche, de validation de procédures et protocole…
Cette perdiemite est une longue maladie négligée qui contribue à la non atteinte des objectifs de santé et même à ceux des autres domaines de développement en Afrique.

L’historique
Valéry Ridde ( TM & IH, 2010) affirme que l’arrivée des projets et des expatriés très bien payés travaillant avec leurs collègues africains recevant de maigres salaires serait à l’origine. Les perdiems furent introduits pour essayer d’améliorer la rémunération des locaux. Aujourd’hui, le perdiem est un droit et certains pays ont même légiféré sur le sujet. En 2010, les Agences de l’ONU au Mali ont standardisé les taux de perdiem, par exemple, 5 000 Fr CFA pour le transport à Bamako (10 000 Fr CFA à Abidjan). Il est donc impossible d’organiser une formation sans payer les participants.

Des abus énormes :
- Les séminaires sont organisés en dehors de la capitale, dans une ville reculée où les taux de perdiem sont élevés.
- Les participants signent les listes de présence dans plusieurs séminaires organisés le même jour pour bénéficier des perdiems des 2 séminaires
- Les projets augmentent leur taux de perdiems pour attirer plus de participants
- Les missions sont multipliées aussi bien par les nationaux que les expatriés…


Répercussion sur le système de santé
Les perdiems créent un dysfonctionnement des systèmes de santé. Car les missions, formations, séminaires, etc. sont organisées dans la seule intention d’avoir des perdiems que d’induire des changements. Certains acteurs de santé font plus de cinq fois à la même formation.
La perdiemite a envahi toute la société :
- Le Directeur de district sanitaire et son Equipe cadre ne feront pas de missions de supervision de ses propres structures de santé sans perdiems venant des bailleurs de fonds de tels ou tels programmes.
- Les Comités d’éthique exige des perdiems avant d’analyser votre protocole de recherche et vous attribuer la clairance éthique.
- Le villageois exige une rémunération avant de répondre à un questionnaire de recherche
- L’agent de santé communautaire exige son paiement avant de participer à la distribution des gouttes de Polio lors des JNV ou des moustiquaires imprégnés en campagne de masse.

En côte d’ivoire
En côte d’ivoire, comme partout en Afrique, il existe des villes de séminaires nationaux. Pour être sélectionné comme séminariste, c’est d’abord la fonction qui prime : Séminaires des délégués régionaux, des Médecins de districts, ou des coordonnateurs régionaux de tel programme. Donc, les mêmes séminaires sont programmés chaque année –pour consommer le budget- et les mêmes personnes et les mêmes formateurs y participent. Deuxièmement, les connaissances jouent un rôle primordial. Si vous êtes en bons termes avec l’organisateur, votre nom figurera parmi la liste des participants, même si vous ne comprendrez rien au séminaire. Ce qui est sûr vous aurez le perdiem à la fin. Troisièmement, le nombre de jours est augmenté expressément pour avoir plus d’argent. Si la formation dure normalement 3 jours, les participants signeront les listes pour 5 jours pour recevoir 5 jours de perdiem. Parfois, l’organisateur ne paie que 4 jours.
Tant que les salaires seront maigres, la perdiemite persistera aussi longtemps car tous les acteurs du système vivent de ce phénomène, malheureusement au détriment de la santé des populations.

La solution
La solution à un problème aussi complexe exige une prise de conscience de tous les acteurs et un débat sur le sujet. Traiter la perdiemite nécessite une analyse profonde des actions multidimensionnelles sur toutes les fonctions du système de santé.