samedi 12 novembre 2011

INTERET DE LA PRISE EN CHARGE PSYCHOLOGIQUE DANS LA PATHOLOGIE DU VIH/SIDA




Auteur:
Enfant en consultation de psychologie
Madame MOH SEMDE Corinne
Psychologue Clinicienne

ONG Aconda vs côte d'ivoire



Le VIH/sida est une pathologie qui affecte le corps dans toutes ses composantes : somatique, psychologique et sociale. Au niveau du vécu psychologique, un certain nombre d’effets consécutifs au VIH vont prendre naissance. Des remaniements psychologiques importants vont se faire chez la PVVIH ce qui va générer pour certains, des comportements traduisant un mal être. En fonction du type de population, des fonctionnements psychologiques  des individus, les interventions  des psychologues varient. Le VIH/sida aussi bien chez l’adulte homme ou femme, l’adolescent et l’enfant  vient bousculer les habitudes.

1.      Les adultes vivant avec le VIH 

1.1     Traumatisme de l’annonce et gestion du secret
La révélation du diagnostic VIH est à l'origine d'un traumatisme pour soi même et pour l’entourage. La connaissance du statut de la mère ou du père initie parfois le test de sérologie VIH  des enfants accroissant ainsi l'angoisse. Même attendue, l'annonce est toujours un choc qui rend réel ce en quoi on ne voulait pas croire.
Elle cause un profond remaniement psychologique chez la personne par rapport à ses croyances, son vécu quotidien, ses projets de vie.
L’annonce doit toujours être participative : informer et écouter permet  l’expression des  préoccupations.

1.2     Angoisse/Dépression
L’angoisse du malade chronique qui voit se succéder  les affections  qui rendent la PVVIH dépendante de son entourage ouvrant ainsi la voie à l’infantilisation, la dévalorisation, la perte de l’estime de soi.
 Cette angoisse revêt différentes formes : l’angoisse de mort aussi bien chez la personne concernée que chez l’entourage, l’angoisse de séparation qui entraine vis-à-vis des proches des comportements d’évitements et de repli sur soi. La PVVIH ne se projette plus dans le futur  et connaît une mort psychologique et sociale.

1.3     Observance
L’observance au traitement s’inscrit dans le temps. Celle ci est soumise à  l’adhésion des patients conditionnée à son tour par : la croyance en son efficacité, la capacité à faire face aux effets secondaires source d'inquiétude quand on sait que pris à long terme certains médicaments peuvent entrainer  des  maladies métaboliques, des neuropathies, la pancréatite, les lipodystrophies, les hyperpigmentations de la peau et des phanères et des téguments…
Les aménagements indispensables  des habitudes et du cadre de vie (familial, professionnel et social) contribuent à une bonne observance.

2.      Enfants et adolescents vivant avec le VIH
Chez les enfants et les adolescents vivant avec le VIH, au-delà des premières années, l'infection prend un caractère chronique qui joue forcement un rôle perturbateur dans leur développement psycho affectif et intellectuel (Blanche, 1998).
L’enfant malade nous  renvoie à voir une mère  culpabilisante qui n’a pas pu protéger son enfant du virus. Ce contexte dépressif est celui dans lequel l'enfant va se développer. Les difficultés psychologiques de l'enfant sont  donc perceptibles.
Au niveau de la famille, La mère peut se retrouver seule parce qu'elle n'a pas informé le père. La famille peut également se replier sur elle par peur d’exposer la maladie de l’enfant à l’entourage et par ricochet, s’exposer elle-même. Dans ce contexte le père reste un soutien essentiel  à la mère pour l’équilibre de la famille. Les adolescents infectés par le  VIH se retrouvent quant à eux, dans des difficultés particulières que le VIH vient exacerber (Aka Dago-Akribi, Cacou, 2004). La pathologie du sida touche le système biologique et affectif de l'adolescent déjà en crise et cela le perturbe profondément. Chez les adolescents, le développement du corps n'est pas toujours en adéquation avec l'âge. On note un retard staturo-pondéral (taille, poids, caractères sexuels secondaires, survenue des règles, etc.) source de complexes et de mal être particulièrement réducteur (Blanche, 1998).
L’image du corps est atteinte. L’adolescent vit entre culpabilité et angoisse. Dans son comportement transparait  l’agressivité, la révolte à l’autorité, les comportements marginaux (le vol, l’alcool, la cigarette…), le refus de prendre les médicaments.
Lorsqu’il n’est pas informé, la tâche est très complexe. L’adolescent  vit une ambivalence entre la connaissance du statut et le secret. La méfiance s’installe vis-à-vis des parents et de l’équipe soignante. Tout ceci faisant le lit à l’angoisse et à la dépression agissant sur la prise en charge et les projets de vie.

Conclusion
Que l’on soit adulte, adolescent ou enfant, nous avons des problématiques communes au VIH : annonce, angoisse, dépression, observance et la déstructuration familiale interagissent sur le vécu quotidien de la PVVIH. Il est donc nécessaire dans ce suivi de longue durée de prendre en compte outre les aspects médicaux, la pluridisciplinarité des interventions dont l’intervention psychologique. Les spécificités du point de vue psychologique et la prise en compte des aspects psychologiques permettent un soutien effectif et ciblé pour améliorer son vécu garantissant une bonne qualité de vie.

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  1. Aka Dago-Akribi L-H., Cacou Adjoua M-C., « Psychosexual development among HIV- positive adolescents in Abidjan , Ivory Coast ». Reproductive Health Matters 12 (23): 1-10, 2004.
  2. Blnche S. L'infection à VIHH de la mère à l'enfant Paris, Flammarion Médecine-Sciences, 1998.
  3. Hortense, A. D. A. (2007). Enfant et VIH : du somatique au psychologique. Expériences à Abidjan, Côte d’Ivoire. Face-A-Face, 10(Regards sur la santé).