A l’orée de son indépendance en 1960, La côte d’ivoire
a choisi le libéralisme économique basé sur l’initiative privée et l’ouverture
sur l’extérieur pour amorcer son développement. Malgré cette option, elle a
procédé pendant les cinq dernières décennies à élaborer plusieurs
planifications aussi bien décennales que quinquennales. Ces plans se
traduisaient par des visions telles que « Côte d’Ivoire 2000 »,
« Côte d’Ivoire 2010 », et aujourd’hui « Côte d’Ivoire
2025 ». Tout ceci avait pour objectif d’atteindre une croissance
économique forte avec la participation des nationaux aux activités des secteurs
clés et de faire la promotion individuelle mais aussi collective de l’homme
ivoirien.
Entre 1960 et 1980, la Côte
d’Ivoire a connu un boom économique. Avec l’effet conjugué du choc pétrolier,
de la chute des cours mondiaux des matières premières de base et de la hausse
des taux d’intérêt, l’économie du pays a eu une récession drastique à partir
des années 80. En conséquence, des programmes d’ajustement structurel ont été
adoptés pour relancer la croissance économique. Malheureusement, les programmes
d’ajustement structurel n’ont pas permis de relancer l’économie. En plus, les
crises sociopolitiques successives ont eu pour effet de freiner davantage le
développement du pays.
Ainsi le taux de pauvreté est
passé de 10% en 1985 à 36,8% en 1995 et à 48,9% en 2008. Dans le souci donc de
ramener la Côte d’Ivoire à une croissance vigoureuse et d’en faire « un
pays émergent à l’horizon 2020 », un Plan National de Développement (PND
2012 – 2015) a été élaboré. Du point de vue méthodologique, l’élaboration
de ce plan s’est appuyée sur la
capitalisation de certains documents officiels existants, était participative
et basée sur l’approche de gestion axée
sur les résultats.
Concernant le secteur de la
santé, le diagnostic montre que la situation reste encore préoccupante malgré
les efforts conjugués de l’état et des partenaires au développement. Les
déterminants de cette situation sont entre autres (i) un taux de croissance élevé
de la population, (ii) un fort taux d’analphabétisme, (iii) une mortalité et
une morbidité élevées liées au paludisme et à la pandémie du VIH/sida. Par
rapport au système de santé, il est faible et marqué par : (i) une répartition
inégale du personnel sur l’ensemble du territoire, (ii) une faible
accessibilité des populations aux services de santé et aux médicaments de
qualité, (iii) une insuffisance des ressources financières, (iv) une faiblesse
du système d’information et de gestion et (v) une insuffisance de l’hygiène
publique et hospitalière.
Les objectifs de la vision
exprimée dans ce plan visent à améliorer certains indicateurs clés de santé. Il
s’agira par exemple de réduire la mortalité infantile et maternelle (OMD 4 et
OMD 5) afin de ramener en 2015, le taux de mortalité des enfants de moins 5 ans
à moins de 50 pour 1000 naissances vivantes et la mortalité maternelle à moins
de 150 décès pour 100 000 naissances vivantes. Pour cela, il a été proposé
le renforcement des activités relatives à la prise en charge de la mère, de
l’enfant et du nouveau-né, aux campagnes intégrées et à la surveillance
épidémiologique. Les efforts visent également à améliorer la qualité de la
prise en charge et de la prévention pour ramener le taux de prévalence du
VIH/sida à 2,5%, l’incidence du paludisme à 50 cas pour 1000 habitants et celle
de la tuberculose à moins de 75 cas pour 100 000 habitants pour l’horizon 2015
(OMD 6).
Toutefois, la probabilité pour que
ces objectifs se réalisent, reste très
hypothétique. De nombreux obstacles demeurent encore sur le chemin et la
progression risque d’être trop lente pour inverser de façon significative la
tendance. En effet, au-delà de simples paradigmes, il faut opérer de véritables
changements et réformes dans notre système de santé. Il faut aller plus loin. Le
renforcement du système de santé est la base essentielle de toute amélioration
durable des indicateurs de santé. Il ne s’agit pas seulement de se concentrer
sur l’offre de soins, mais surtout d’améliorer toutes les six
composantes essentielles –leadership et gouvernance ;
financement ; ressources humaines ; offre de soins ; système
d’information sanitaire ; infrastructures, médicaments et technologie
sanitaire- du système de santé ainsi que les interactions entre elles. A ces
composantes, il faudrait ajouter des valeurs d’équité, de redevabilité et de
participation des bénéficiaires à la prise de décision.
A défaut d’engager réellement le
développement du système de santé, il serait illusoire de penser que ces
objectifs nobles et légitimes pourraient être atteints. Le risque serait
d’assister à une fragmentation des financements, un gaspillage des ressources
déjà insuffisantes et une détérioration de la situation sanitaire déjà fragile.
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Bangaly Doumbouya