lundi 3 octobre 2016

LE SIMS 2.0, UN SYSTÈME DE MONITORAGE POUR LE SUIVI ET AMÉLIORATION DE LA QUALITÉ DE L’OFFRE DES SERVICES VIH/SIDA. QU’EN EST-IL DE SON UTILISATION SUR LE TERRAIN ?

Le PEPFAR constitue la pierre angulaire de l’Initiative Présidentielle de Santé Mondiale (« Global Health Initiative » ou GHI), qui a engagé 63 milliards de dollars sur six ans pour soutenir les pays partenaires dans l’amélioration et l’expansion de l’accès aux services de santé. La vision ultime étant de créer une génération sans sida à travers les trois axes stratégiques que sont : (i) Pérennisation et Responsabilité partagée ; (ii) Qualité, Surveillance, Transparence, et redévabilité pour l’impact et enfin (iii) Accélération d’interventions clés pour le contrôle de l’épidémie.
De ce fait, tous les sites et toutes les organisations qui bénéficient d’un soutien de ce programme  doivent être intégrés dans un processus d’amélioration continue de la qualité à travers un nouveau système de monitorage, appelé « Site Improvement through Monitoring System ou SIMS 2.0 ». Ce nouvel outil, remplace le Site Monitoring System ou SMS, qui était utilisé jusqu’en 2014. Le SIMS 2.0 a pour but essentiel d’accroître l’impact du  programme PEPFAR sur l’épidémie du VIH à travers un suivi standardisé de la qualité des services au niveau des établissements sanitaires et dans la communauté quelque soit le domaine programmatique soutenu.
Ce système permet d’une part, de mettre l’accent sur le principe de la redévabilité  entre les acteurs du programme PEPFAR et d’autre part de donner implicitement une idée de la qualité de l’assistance technique que les points d’offre de services reçoivent des partenaires de mise en œuvre (PMO) et/ou de l’équipe pays du PEPFAR. Ainsi, il donne une meilleure compréhension de la qualité du programme du PEPFAR au point d’offre de service, au sein d’une aire géographique donnée.
En pratique chaque site ou organisation bénéficiant de l’appui du PEPFAR reçoit la visite d’une équipe pays de cette institution au moins une fois par an. L’équipe applique l’outil d’évaluation SIMS 2.0 à la structure, service par service et activité par activité. L’opération se termine par l’attribution d’un score global en pourcentage. Les partenaires de mise en œuvre qui soutiennent le site ou l’organisation, ont dans leur cahier de charge la « mise à niveau » de ces structures. Ces PMO pourront être  jugés  par l’équipe pays du PEPFAR en fonction du score obtenu par le site visité, et cela pourra conditionner la reconduite du contrat qui garanti l’attribution des financements pour les années suivantes à ce PMO. On peut affirmer sans se tromper que l’enjeu pour les PMO semble être désormais d’avoir de bons scores aux visites d’évaluation SIMS pour s’assurer de la reconduite de leur financement. Ainsi on est amené à se demander si les résultats issus de cette activité d’évaluation reflètent réellement la réalité. Est-ce qu’une vraies « mise à niveau » des sites et organisations est faite ? N’est ce pas juste pour faire du saupoudrage et avoir bonne figure aux yeux de l’équipe pays PEPFAR?

Par ailleurs l’outil, dans sa forme actuelle semble faire la promotion du respect des standards nationaux et internationaux car il s’adapte à la réalité du système de santé en place dans le pays. Son application sur le terrain implique les équipes issues des parties prenantes étatiques nationales. Par ailleurs, il est important de retenir que les premiers utilisateurs au niveau le plus décentralisé du système de santé doivent être impliqués dans le processus de conception et de validation des outils de monitorage des activités sanitaires.

Toute analyse faite, il ressort que  le défi à relever ici reste l’appropriation effective de cet outil par les autorités sanitaires des pays et de sa probable utilisation dans le monitorage de l’ensemble des entités du système santé nationale. Cela pourrait constituer une ébauche de solutions à l’obstacle de la fragmentation des outils  d’évaluation et de mise à niveau efficiente des systèmes de santé.

Bangaly Doumbouya